B. La place des villes petites et moyennes dans la métropolisation

1. La fragilisation des villes petites et moyennes

La France compte un grand nombre de villes petites (5 000 à 20 000 habitants) et moyennes (20 000 à 200 000 habitants). Plus de la moitié de la population française vit dans une ville de moins de 100 000 habitants.

Peu attractives, souvent affectées par la désindustrialisation, certaines de ces villes connaissent un taux de chômage élevé et manque de moyens, en particulier dans le Nord et l’Est de la France. Elles sont également touchées par le recul des services publics (hôpitaux, tribunaux, poste…). L’activité se déplace dans les espaces périurbains (centres commerciaux, lotissements) et affaiblit les centres-villes qui se désertifient (friches commerciales).

Les villes petites et moyennes sont généralement en marge de la métropolisation qui tend à favoriser la concentration des activités, des personnes et des richesses dans les grandes villes au détriment des autres.

Pourtant, l’interaction entre les métropoles régionales et les villes alentour peuvent créer des dynamiques positives à l’image du pôle de compétitivité Aerospace Valley. De plus, certaines villes peuvent profiter des réseaux de communication et de transport de la métropole dont elle dépend.

L’État met aussi en place des politiques en faveur des villes petites et moyennes (plans d’aménagement, installation d’université dans les villes moyennes, plan « Action Cœur de Ville ») afin améliorer l’attractivité et les conditions de vie des habitants des villes petites et moyennes.

2. Des trajectoires variées

Les ville petites et moyennes présentent des situations diverses. Si certaines villes s’intègrent à la dynamique de leur métropole, avec plus ou moins de succès, d’autres plus isolées se cantonnent à un rôle de relais de services publics sans grand dynamisme économique.

Certaines villes petites et moyennes sont dynamiques à l’échelle locale car elles ne subissent pas la concurrence des métropoles. On y trouve des services publics, des commerces et de l’emploi lié aux industries implantées sur leur territoire. Par exemple, Annecy présente un fort dynamisme commercial.

D’autres villes petites et moyennes profitent du dynamisme des métropoles en développant des activités économiques qui viennent compléter l’offre des grands centres urbains. Par exemple, Agen profite du dynamisme de l’Aerospace Valley (Toulouse-Bordeaux).

Toutefois, certaines villes restent exclues de la métropolisation. Ce sont généralement des villes qui sont trop éloignées des métropoles et/ou qui souvent souffrent des effets de la crise industrielle. Par exemple, Charleville-Mézières, située en Metz et Lille, n’est pas attractive et connait une perte d’emplois.


Documents

– Vidéo : Lutter contre la désertification des centres-villes (friches commerciales)

-Un pôle de compétitivité : L’Aerospace Valley

– Action de l’Etat : Plan “action coeur de Ville” (2018)

A. Le poids croissant des métropoles en France

1. Paris, capitale et ville mondiale

Seule ville mondiale française, Paris domine le territoire national.

La métropole parisienne est l’illustration du phénomène de métropolisation. Avec plus de 12 millions d’habitants, c’est une mégapole qui rassemble 19% de la population du pays. De plus, Paris concentre toutes les fonctions de commandement. Capitale politique, c’est aussi le lieu du pouvoir économique et financier (La Défense), de la recherche scientifique (Saclay) et de la culture (Le Louvres). Paris concentre ainsi 30 % du PIB national et La Défense, son quartier d’affaires, accueille de plus en plus de sièges sociaux de FTN du monde entier.

Paris est fortement ancrée dans la mondialisation grâce à ses infrastructures de communication qui connectent la France au reste du monde. Avec ses deux aéroports internationaux (plus de 99 millions de passagers en 2019 pour Orly et Roissy) et ses quatre gares TGV qui desservent la France et l’Europe, Paris est un hub.

Paris est un pôle d’activité incontournable et premier bassin d’emploi européen. Espace parmi les plus attractifs d’Europe en termes d’investissement (IDE), Paris reçoit le soutien des politiques publiques (Métropole du Grand Paris) dans la concurrence entre métropoles mondiales.

Toutefois, Paris perd des habitants. Nombreux sont ses cadres qui envisagent de quitter la métropole en quête d’une meilleure qualité de vie.

– Le résumé en schéma : Paris, capitale et ville mondiale

2. Les métropoles régionales se renforcent

Les métropoles régionales françaises sont incomplètes. Elles ne peuvent pas rivaliser avec Paris et leur influence est souvent limitée à l’échelle régionale.

Métropoles secondaires, elles restent cependant des pôles d’attractivité au sein des régions qu’elles structurent. Elles accueillent une population importante : 25% de la population nationale habite dans les 15 premières métropoles françaises. Ce sont également des bassins d’emplois qui concentrent les activités de haut niveau (entreprises de haute technologie, commerces spécialisés) et les services supérieurs (hôpitaux, universités).

Toutefois, l’attractivité des métropoles régionales est inégale. Bien connectées aux réseaux de communications, bénéficiant souvent d’un cadre de vie plutôt agréable (climat, littoral), les métropoles de l’Ouest et du Sud sont les plus dynamiques. Au contraire, les métropoles du Nord, de l’Est et du Centre qui ont subi la crise industrielle sont moins attractives que celles du littoral.

Les métropoles régionales françaises cherchent à améliorer leur attractivité à l’échelle européenne. Avec l’aide de l’État, elles se restructurent (statut de Métropole créé en 2010), gagnant ainsi des compétences, notamment économiques. Les métropoles régionales développent des pôles d’activités de haut niveau à l’image du quartier d’affaires Eurallile à Lille ou de l’extension de la technopole Toulousaine (Enova). Afin de mettre en avant leurs atouts, elles ont recours au marketing territorial.


Vocabulaire

Hub : nœud reliant un territoire au réseau mondial grâce à des infrastructures de transport (aéroport, port).

Documents

– Carte : Paris, concentration de fonctions de commandement

Docs : Le grand Paris Express (pour une métropole mondiale)

– Article : Les cadres parisiens face à la métropolisation

Doc : Le statut de métropole en France (depuis 2010)

B. Des métropoles fragmentées

1. Des inégalités socio-spatiales qui se renforcent

Les inégalités socio-spatiales sont de plus en plus fortes dans les métropoles. Les populations mais aussi les quartiers d’une même métropole n’ont pas un accès égal aux richesses ni aux services.

En général, les centres des métropoles concentrent les richesses et les populations les plus aisées. Les quartiers d’affaires regroupent les institutions économiques et financières et se distinguent par un alignement de tours de bureaux (gratte-ciel) typique appelé skyline qui tend à uniformiser les paysages urbains des grandes métropoles. Les plus riches habitent dans les quartiers centraux réhabilités (gentrification) et bénéficient de l’ensemble des services. L’explosion des prix de l’immobilier dans les quartiers centraux redynamisés poussent les populations les moins aisées vers la périphérie.

Dans les quartiers défavorisés, les populations sont marginalisées et exclues de nombreux services (transports, santé…). Les poches de pauvreté des centres-villes contrastent fortement avec les quartiers aisés qui les bordent (Tower Hamlets vs « Richistan » à Londres). Dans les périphéries, les populations pauvres sont progressivement mises à l’écart de la mondialisation.

Dans certains pays, les populations riches profitent d’un cadre de vie sécurisé et privilégié : les “communautés fermées” (gated communities)
Dans les pays du Sud, les plus pauvres sont contraints de vivre dans des bidonvilles à l’image des Slums de Mombai.

Ecoute la leçon (lue par Yslène, 1G)

– Le résumé en schéma : Des métropoles fragmentées

2. Vers une précarité durable ?

Dans les pays du Sud, la gestion des bidonvilles est un enjeu important. Ces bidonvilles constituent des quartiers insalubres dans lesquels les populations ont un accès très limité à l’éducation et à la santé et sont exposées à l’insécurité. Les pays les plus pauvres sont souvent démunis pour trouver des solutions (relogement, investissements dans les infrastructures) et dépendent de l’aide des ONG.

Dans les pays du Nord, l’exclusion sociale des populations les plus pauvres s’accroît. Des poches de pauvreté subsistent. Elles peuvent prendre la forme de quartiers de banlieue dégradés en Europe ou de ghettos en Amérique du Nord. L’explosion des prix des logements dans les métropoles favorise le mal logement.

Néanmoins, certaines métropoles cherchent à se transformer pour réduire les inégalités sociales et préserver l’environnement en s’appuyant notamment sur les innovations technologiques. Pour devenir « durable », ces métropoles se mutent en smart cities (New-York, Singapour), développent des écoquartiers (Paris) et favorisent la mixité sociale.

Reste que la compétition entre les métropoles et la course au développement économique, en particulier dans les pays du Sud, poussent à revoir les priorités à la faveur des inégalités.

– Le résumé en schéma : La précarité dans les métropoles


Vocabulaire

Banlieue : commune en périphérie d’une ville dont elle dépend.

Bidonville : quartier d’habitat défavorisé caractérisé par des logements insalubres, souvent construits avec des matériaux de récupération, et une grande pauvreté.

Ecoquartier : partie d’une ville aménagée et gérée dans une démarche de développement durable.

Gated community : quartier résidentiel fermé, socialement homogène, et généralement habité par une population aisée.

Gentrification : transformation de quartiers populaires par l’arrivée de groupes sociaux favorisés.

Ghetto : quartier qui regroupe les membres d’une communauté plus ou moins homogène.

Skyline : ligne d’horizon dessinée par la structure générale d’une ville.

Smart city : ville intelligente aménagée en intégrant les nouvelles technologies afin d’optimiser sa gestion.


Documents

Vidéo/Synthèse : Les inégalités socio-spatiales à Londres

– Vidéo : Les inégalités sociales à Mumbaï

– Schéma : Organisation et dynamique d’une métropole

– Croquis (exercice) : Londres, métropole fragmentée et étalée

Qu’est-ce qu’une Smart city ?

A. Des métropoles en recomposition

1. L’étalement urbain et l’apparition de centres secondaires

La métropolisation accélère et renforce l’étalement urbain. La croissance urbaine et les flux de migrations favorisés par l’attractivité des métropoles (emploi, services…) entraînent une augmentation des besoins de la population.

L’inflation des prix de l’immobilier dans les centres-villes ou le choix de logements plus adaptés à leurs envies (habitat pavillonnaire) poussent de nombreux habitants en périphérie (périurbanisation).

L’étalement urbain a de fortes conséquences sur les mobilités urbaines. Les déplacements urbains s’intensifient et sont de plus en plus longs provoquant une congestion des axes routiers (= embouteillages).

La concentration de population s’accompagne du développement d’infrastructures gourmandes en espace. La saturation des centres-villes favorise l’implantation de zones industrielles et commerciales en périphérie, à proximité des axes de communication (autoroutes, aéroports…). Des centres commerciaux et des technopoles (Paris-Saclay) apparaissent en périphérie. Les entreprises d’un même secteur économique s’y regroupent et forment alors un cluster (Silicon Valley).

Cette transformation de l’espace périurbain peut se traduire par l’apparition de centres secondaires appelés edge cities.

Ecoute la leçon (lue par Shaïna, 1E)

2. La formation de régions métropolitaines

Les grandes métropoles peuvent avoir une influence sur un territoire plus ou moins vaste, au-delà des limites de l’espace périurbain. L’aire d’influence et de rayonnement d’une métropole est alors constituée de la métropole-centre, de sa périphérie et de son arrière-pays : c’est la région métropolitaine.

Les régions métropolitaines concentrent une très grande population à l’exemple de la région métropolitaine de Shanghai (Delta du Yangzi Jiang), en Chine, qui concentre 83 millions d’habitants en zone urbaine.

Ce sont également des territoires dont le fonctionnement est polycentrique : l’espace s’organise autour de plusieurs pôles hiérarchisés. C’est ainsi le cas de la région métropolitaine de Hong Kong / Guangzhou sur le delta de la Rivière des Perles en Chine.

Les régions métropolitaines les plus importantes sont appelées mégalopoles. Elles regroupent plusieurs métropoles et villes secondaires sur un territoire de plusieurs centaines de kilomètres. Elles concentrent des dizaines de millions d’habitants et cumulent toutes les fonctions de commandement à l’échelle mondiale. Les trois principales mégalopoles mondiales sont : la mégalopole américaine (axe Boston-Washington), la mégalopole européenne (axe Londres-Paris-Milan) et la mégalopole japonaise (Tokyo-Nagoya-Osaka).

Ecoute la leçon (lue par Méranise, 1E)


Vocabulaire

Cluster : concentration d’entreprises appartenant à un même secteur d’activités et qui mutualisent leurs infrastructures.

Edge city (ville-lisière) : centre secondaire récent souvent situés près des aéroports et des échangeurs autoroutiers.

Mégalopole : ensemble urbain constitué de plusieurs métropoles qui forme d’ immenses régions métropolitaines.

Région métropolitaine : aire d’influence et de rayonnement d’une métropole, composée de la métropole-centre, de ses périphéries et de son arrière-pays.

B. La métropolisation en marche

1. La concentration des fonctions et des activités

Les métropoles concentrent des centres décisionnels dans les domaines économiques (sièges sociaux de FTN, places boursières), culturels (musée), scientifiques (universités, centres de recherche) et politiques (sièges d’institutions nationales et internationales, ambassades).

Les fonctions métropolitaines sont souvent associées à des quartiers spécifiques. Les technopoles (Sillicon Valley à San Francisco, Paris-Saclay) polarisent les activités scientifiques tandis que les quartiers d’affaires (La City à Londres, Marunouchi à Tokyo) sont des espaces financiers dynamiques.

Les grandes métropoles des pays développés offrent des avantages aux entreprises : grands bassins d’emploi avec une main d’œuvre qualifiée et des infrastructures de qualité. Ce sont des lieux de production de richesse (PUB) qui rivalisent parfois avec les États (PUB de New York > PIB Espagne).

Les grandes métropoles sont aussi des nœuds de communication majeurs (aéroports internationaux, ports) qui captent ainsi les flux (population, capitaux) de la mondialisation. Interconnectées, elles pèsent fortement sur l’économie mondiale : on parle d’archipel métropolitain mondial.

Enfin, les métropoles les plus importantes accueillent des événements planétaires (coupe du monde, JO), qui participent à leur rayonnement, et sont souvent des destinations du tourisme international (Paris, New-York).

Cette concentration des activités et des richesses associées à la croissance urbaine s’appelle la métropolisation.

Ecoute la leçon

– Le résumé en schéma : Lien métropolisation/mondialisation

2. Hiérarchie et compétition entre les métropoles

Les métropoles ont une influence politique et économique à l’échelle nationale. Parfois des capitales politiques sont surclassées par des métropoles qui prennent alors le rang de « capitales économiques » (Sao Paulo, Shanghai).

Toutefois, le rayonnement des métropoles à l’échelle mondiale est inégal. En effet, c’est le poids des fonctions de commandement et la richesse produite qui déterminent la puissance d’une métropole. Certaines mégapoles des pays du Sud (Dacca au Bangladesh) ont ainsi un rayonnement limité.

En réalité, les métropoles qui concentrent toutes les fonctions de commandement (New-York, Londres, Paris) sont peu nombreuses. Certaines métropoles ne présentent des fonctions de commandement que dans quelques domaines d’activité : ce sont des métropoles incomplètes. Les villes-mondes dont le rayonnement est principalement culturel (Rio, Venise) en sont un exemple. D’autres métropoles ne rayonnent qu’à l’échelle nationale ou régionale : ce sont les métropoles secondaires.

Les métropoles sont en concurrence à l’échelle mondiale pour attirer des investissements, une main d’œuvre très qualifiée ou des touristes. Pour renforcer leur attractivité, elles vont se réorganiser (aménagements urbains) ou s’appuyer sur le marketing territorial pour souligner leurs points positifs. L’organisation d’événements planétaires ou de grands projets architecturaux participent également à affirmer le statut de métropole des villes.

Ecoute la leçon

– Le résumé en schéma : Les métropoles : hiérarchie et compétition


Vocabulaire

Archipel métropolitain mondial : ensemble de métropoles mondiales séparées dans l’espace mais fortement connectées entre elles.

FTN (firme transnationale) : entreprise qui a des activités dans plusieurs pays.

Marketing territorial : ensemble des moyens mis en oeuvre pour valoriser l’attractivité d’un territoire.

Métropole incomplète : métropole qui ne présente des fonctions de commandement que dans quelques domaines d’activité.

Métropole secondaire : métropole dont le rayonnement est limité à l’échelle nationale ou régionale (= “capitale régionale”).

Métropolisation : processus de concentration de populations, d’activités, de valeur dans des ensembles urbains de grande taille (= métropoles).

Mondialisation : processus de mise en relation de territoires sur la planète par des flux de biens, de services, de personnes et de capitaux.

Produit Urbain Brut (PUB) : indicateur économique qui mesure la richesse d’une ville sur le modèles du PIB pour les pays.

Quartier d’affaires : quartier consacré aux activités économiques et financières (sièges des FTN, banques et assurances) qui concentre des grandes tours de bureaux d’entreprises.

Technopole : espace où se concentrent des activités de haute technologie et innovantes (ex. Sillicon Valley à San Francisco).

Ville globale (ou “ville mondiale”) : métropole dont les fonctions de commandement ont une influence mondiale, notamment sur le plan politique et économique.

Ville-monde : ville qui rayonne dans le monde pour des raisons historiques, culturelles ou artistiques, sans nécessairement être une puissance politique et économique.


Documents

– Vidéo : Le taxi-hélicoptère à Sao Paulo (AFP, 2017)

– Cas d’étude : Shanghai, ville globale