A. Industrialisation et urbanisation en France

1. Les innovations techniques au service de la production

Au XIXe siècle, les sources d’énergie traditionnelles (eau, vent, animaux) sont progressivement remplacées par une invention capitale pour l’industrialisation : la machine à vapeur. Améliorée dans son fonctionnement depuis le XVIIIe siècle (James Watt), elle permet d’augmenter fortement la production de produits manufacturés, notamment dans l’industrie textile (filatures), mais également de pomper l’eau dans les mines de charbon.

D’une manière générale, l’industrie, en particulier les secteurs du textile et de la sidérurgie, profite des innovations techniques qui visent à accroître les productions et à limiter le coût de fabrication. Conscient que l’industrialisation est le moteur du développement économique, en France, l’État soutient l’innovation par une politique de modernisation du pays, en particulier sous le règne de Napoléon III.

Entre 1848 et 1870, la production de charbon, matière première essentielle aux besoins des industries, passe de 4 millions de tonnes à 13 millions de tonnes en France. Cette évolution s’accompagne logiquement d’une augmentation du nombre de mineurs (+150%).

Dans le domaine de la métallurgie, on relève le même élan avec une croissance du nombre de hauts-fourneaux favorisant ainsi la production de fonte (acier) qui permet la réalisation de… machines à vapeur.

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2. Les transports modernisés

Dans le prolongement de la machine à vapeur vient l’invention de la locomotive à vapeur (Richard Trevithick, 1804) qui va révolutionner le transport : c’est le développement du chemin de fer. Entre 1848 et 1870, la longueur des voies ferrées en France passe de plus de 2000 km à plus de 20 000 km. En 1857, la ligne Paris-Lyon-Méditerranée (« PLM ») reliant les trois principales villes françaises est ouverte. Conscient de l’intérêt économique et industriel du chemin de fer, l’État participe activement à son développement (conventions ferroviaires État-compagnies, 1859). Sur le plan économique, l’extension du réseau ferroviaire accélère l’unification du marché national.

Le bateau à vapeur fait également son apparition sur les fleuves français puis sur les voies commerciales maritimes. Il s’impose progressivement sur les navires à voiles à partir de 1850, notamment grâce à l’utilisation de l’hélice. Le premier navire militaire propulsé principalement par la machine (le Napoléon) est lancé en 1850.

Plus généralement, la question de la modernisation des voies de communication s’impose notamment pour faciliter les échanges avec les autres pays. De nouveaux canaux sont ainsi creusés et de grands ports (Bordeaux, Nantes, Marseille) sont modernisés.

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3. La croissance urbaine et les nouveaux paysages urbains

L’activité pour construire ta leçon :
Dossier sur l’urbanisation de la France (1848-1870)

La leçon

Au XIXe siècle, la France connaît une forte urbanisation. Entre 1848 et 1870, la part de la population urbaine passe ainsi de 24 % à plus de 31 %. Les villes sont de plus en plus peuplées : entre 1846 et 1872, le nombre d’habitants à Paris passe de 1 million à 1,8 millions (à Marseille la population passe de 183 000 à plus de 300 000 habitants).

La croissance urbaine est liée à l’industrialisation qui marque la France du XIXe siècle et en particulier le Second Empire. Les villes sont attractives : outre les industries qui nécessitent une forte main d’œuvre, le commerce et les services sont également pourvoyeurs d’emplois. Cette attractivité favorise ainsi l’exode rural : les habitants de la campagne les plus pauvres et les moins qualifiés partent vers les villes. Si les villes industrielles, en particulier dans le textile et la métallurgie, connaissent une forte croissance (Roubaix, Tourcoing, Lens), les villes portuaires (Le Havre, Calais, Marseille) mais aussi touristiques (Cannes, Nice) voient également leur population augmenter.

Les grandes villes françaises du milieu du XIXe siècle, confrontées à une forte augmentation de leur population mais également à des enjeux sanitaires (épidémies de choléra), se transforment. Sous le Second Empire, des politiques de grands travaux sont engagées dans les grandes villes (Paris, Lyon, Bordeaux, Lille…) : les centres urbains sont agrandis, les quartiers insalubres sont détruits au profit de quartiers mieux aérés avec des parcs et des immeubles réguliers. Les services et les équipements se développent (réseaux de transports, hôtels de ville, hôpitaux…). La transformation de Paris, sous la baguette du préfet Haussmann, symbolise ces mutations urbaines impulsées sous le Second Empire.


Vocabulaire

Filature : usine qui produit en grande quantité des fils textiles.

Industrialisation : diffusion d’un nouveau mode de production associé à l’emploi de machines et à une production en grande quantité dans les usines.

Métallurgie : ensemble des industries et des techniques qui assurent la fabrication des métaux et de leurs alliages.

Produits manufacturés : marchandise issue de la transformation de matières premières en usine.

B. Le Seconde Empire, régime autoritaire (1852-1870)

1. Un régime autoritaire (1852-1860)

Louis-Napoléon Bonaparte s’appuie sur le plébiscite pour faire approuver son coup d’État (2 décembre 1851) mais également pour rétablir l’Empire (2 décembre 1852), montrant ainsi qu’il tire sa légitimité du peuple.

Toutefois, le Second Empire est un régime peu démocratique. La constitution donne à Napoléon III tous les pouvoirs : chef de l’exécutif, il a aussi l’initiative de la loi. De plus, les élections sont encadrées (candidatures officielles, nomination de maires…) et la presse est contrôlée.

Face à l’opposition politique, qui se manifeste avec le coup d’État de 1851, le régime choisit la répression. Plusieurs milliers d’opposants sont ainsi arrêtés, jugés puis emprisonnés ou déportés en Algérie ou en Guyane. Certains s’exilent, à l’image de Victor Hugo, et deviennent des proscrits. La répression s’accentue en 1858 suite à l’attentat d’Orsini avec la loi de sûreté générale qui vise en particulier les républicains et les socialistes.

Pour asseoir son autorité, Napoléon III peut compter sur une administration efficace : nombreux fonctionnaires acquis à sa cause (serment à l’empereur), des préfets aux pouvoirs élargis, une police renforcée.

Napoléon III joue avec les symboles pour souligner le caractère monarchique et dynastique de son régime (famille impériale, la Cour et la « fête impériale »…). Il met également en avant le prestige de la France (arts, Exposition universelle) en la modernisant (grands travaux, infrastructures) et en renouant avec des succès diplomatiques à l’international (guerre de Crimée, unité italienne…).

Le résumé en schéma :  Le 2nd Empire, un régime autoritaire

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2. Une évolution libérale (1860-1870)

L’aspect autoritaire et répressif du régime de Napoléon III soulève de nombreuses critiques dans l’opinion publique. Soucieux d’assurer un avenir à sa dynastie mais également de se ménager des soutiens politiques chez une partie des républicains après son engagement au côté des nationalistes italiens (contre le pape), Napoléon III entend le peuple et s’engage dans une libéralisation du régime.

Le revirement politique débute avec une amnistie générale en faveur des condamnés politiques en 1859. Puis, progressivement, le régime lance des réformes « démocratiques » en autorisant le droit de grève (1864) et les réunions publiques (1868) ainsi qu’en relâchant le contrôle sur la presse (1868). Sur le plan des institutions, le Corps législatif est réformé et voit son rôle renforcé entre 1860 et 1869 (initiative des lois). Cette évolution ravive l’intérêt des électeurs et favorise ainsi l’entrée de députés d’opposition (¼ des députés en 1869).

La nomination d’Émile Ollivier, républicain conciliant avec l’Empire, à la tête du gouvernement en 1870 consacre l’évolution vers un régime parlementaire dans lequel les ministres sont désormais responsables devant le Corps législatif. Par le plébiscite du 8 mai 1870, les Français approuvent à plus de 80 % l’orientation libérale du 2nd Empire.

Alors que la France devient une puissance économique et que la popularité de Napoléon III reste forte, notamment dans les campagnes, la déroute contre la Prusse à Sedan en septembre 1870 donne l’occasion aux républicains de renverser le régime : la IIIe République est proclamée à Paris le 4 septembre 1870.

Le résumé en schéma :  Vers un Empire libéral

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Vocabulaire

Plébiscite : vote par lequel les citoyens se prononcent pour ou contre un texte (oui / non).

Proscrit : personne bannies de leur pays pour des raisons politiques.

A. La IIe République, des idéaux à l’échec (1848-1851)

« Le gouvernement actuel de la France est le gouvernement républicain ! ».

Alphonse de Lamartine, 1848.
1. Une démocratie porteuse d’espoirs

Le 24 février 1848 marque la fin de la monarchie de Juillet et le début de la IIe République, portée par un gouvernement provisoire dont Lamartine, poète et député républicain, se fait le chantre.

La IIe République nourrit beaucoup d’espoirs chez les Républicains qui prennent rapidement de nombreuses décisions importantes : l’abolition de la peine de mort pour les prisonniers politiques (27 février), la garantie de la liberté de la presse et de réunion (4 mars), l’adoption du suffrage universel masculin (5 mars), qui rend sa souveraineté au peuple (sauf aux femmes), et l’abolition de l’esclavage (27 avril 1848), ardemment défendue par Schoelcher au nom du principe d’égalité.

Sur le plan de l’organisation politique, la Constitution du 4 novembre affirme la séparation des pouvoirs : le pouvoir législatif est confié à l’Assemblée nationale tandis que le pouvoir exécutif revient au Président de la République.

Des mesures sociales sont également prises : création des Ateliers nationaux afin de donner du travail aux chômeurs parisiens et limitation de la durée de la journée de travail (loi des 10 heures).

Le résumé en schéma : Les espoirs portés par la IIe République

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2. Des tensions qui mènent à l’échec

Les limites de l’idéal démocratique et social de la IIe République laissent apparaître des tensions qui finissent par enterrer la République.

Alors qu’elles ont été actrices de la révolution de février 1848, les femmes ne sont toujours pas les égales des hommes sous la IIe République (suffrage universel masculin). Des figures féminines manifestent alors des revendications en faveur de l’émancipation des femmes (« clubs de femmes », journaux féminins comme La voix des femmes), à l’image de George Sand.

Tandis que la crise économique et sociale persiste, l’Assemblée nationale décide la fermeture des Ateliers nationaux jugés trop coûteux (21 juin 1848). En réaction, des barricades sont érigées à Paris (Journées de Juin). La révolte est réprimée dans le sang : c’est la désillusion dans le monde ouvrier.

Cet épisode est l’expression de divisions de plus en plus fortes. D’une part sur le plan idéologique (vision libérale/vision socialiste) mais aussi sur le plan sociétal (ville en effervescence/campagnes traditionnelles). La victoire du parti de l’Ordre aux élections de mai 1849 marque le basculement vers une République conservatrice qui va restreindre les libertés (1849 et 1850) et la démocratie (loi du 31 mai 1850 limitant le suffrage universel).

Premier président élu, Louis-Napoléon Bonaparte s’oppose à l’Assemblée qui lui refuse la possibilité de se représenter pour un deuxième mandat. Il organise alors un coup d’État (2 décembre 1851) avec le soutien de l’armée.

Le résumé en schéma : Une République sous tension

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Documents

Personnage de l’Histoire : Lamartine

PPO : Lamartine, chantre de la République

B. Les révolutions de 1848

« L’insurrection finit là où la révolution commence. »

Guiseppe Mazzini
1. Le « printemps des peuples » en Europe

L’année 1848 est marquée par un vent révolutionnaire en Europe. Des insurrections libérales et nationales se manifestent un peu partout en Europe : on parle du « printemps des peuples ».

Ces événements font écho à la révolution française de 1848. En février 1848, Paris est secouée par trois jours d’émeutes populaires (21-24 février) qui provoquent le départ de Louis-Philippe et la mise en place de la IIe République.

En mars 1848, Vienne se soulève sous la pression des bourgeois libéraux, entraînant la démission de Metternich et l’installation d’une constitution. Dans ce contexte, l’Autriche doit faire face à une révolte en Hongrie et à l’émancipation de la ville italienne de Milan.

En Prusse, le roi fait des concessions (liberté de la presse, réformes) et accorde une constitution à son peuple.

Dans les États allemands, les révolutionnaires qui souhaitent une politique plus libérale et l’unité nationale, obtiennent la création d’une assemblée nationale constituante (Constitution de Francfort).

Dans le prolongement de ces événements, la République est proclamée à Rome (Mazzini) en 1849.

Ecoute la leçon (lue par Yildiz, 1D)

Yildiz, 1D

Le résumé en schéma : Le « printemps des peuples » en Europe

2. Le retour à l’ordre

Les espoirs nés avec les révolutions de 1848 sont rapidement contrariés : les souverains européens mènent une répression violente avec l’objectif d’un retour à l’ordre.

Les Habsbourg reprennent le contrôle de l’Autriche et rétablissent l’ordre dans les États italiens (Sicile, Naples, Lombardie-Vénétie) sous la baguette du maréchal Radetzky.

En Hongrie, l’intervention autrichienne soutenue par la Russie met fin à l’expérience révolutionnaire.

Le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, contrarie le plan d’une unité allemande en refusant la couronne d’Allemagne émanant d’un mouvement populaire.

La France, qui est pourtant désormais une république, réprime durement une révolte ouvrière en juin et mène une expédition militaire contre une autre république, celle de Rome (Mazzini).

L’issue du « printemps des peuples » est une nouvelle déception pour les partisans des idées libérales. Cependant, les aspirations libérales subsistent et circulent toujours en Europe notamment avec l’influence des exilés politiques (Kossuth).

Ecoute la leçon (lue par Sajaline, 1A)

Sajaline, 1A.

Le résumé en schéma : Le retour à l’ordre suite aux révolutions de 1848


Documents

Ecoute active : La Révolution française de février 1848

A. Des idées contestataires persistantes

1. Le refus des réformes libérales en France

En France, la mise en place de la monarchie de Juillet avec Louis-Philippe en 1830 est une victoire de la bourgeoisie et ouvre la voie au modèle libéral. Pourtant, les réformes politiques attendues par les orléanistes modérés (Parti du Mouvement mené par Adolphe Thiers) pour avancer vers un régime plus démocratique (réformes électorales) n’ont pas lieu.

Dès 1831, les orléanistes conservateurs (Parti de la Résistance) sous l’influence de Guizot sont au pouvoir. Pour eux, la Charte de 1830 est suffisante en matière d’ouverture. Le gouvernement conservateur mis en place favorise les propriétaires et les notables et refuse d’engager des réformes politiques. L’idée du suffrage universel direct réclamé par les Républicains est écartée.

Avec le souci de maintenir l’ordre, les soulèvements républicains (1832) et populaires (révolte des canuts à Lyon) sont réprimés.

Sur le plan des libertés, des lois durcissent les libertés d’association (1834) et de la presse (1835).

Le suffrage censitaire exclut de facto une grande partie de la population (femmes, ouvriers et paysans).

Ecoute la leçon (lue par ton professeur)

Le résumé en schéma : Le refus des réformes libérales en France

2. Esprit libéral et mutations sociales en Europe

Malgré la répression des mouvements des années 1820 et 1830, les revendications subsistent. Elles sont notamment portées par les réfugiés politiques originaires des États où les soulèvements ont échoué. Ces exilés participent ainsi à la circulation des idées en Europe, à l’image de l’italien Guiseppe Mazzini, figure des carbonari, qui fonde le mouvement nationaliste européen « Jeune Europe » en Suisse en 1834.

En France, les Trois Glorieuses entraînent l’instauration d’une monarchie en apparence libérale mais elle déçoit rapidement les réformistes.

Parallèlement à cette effervescence politique, le contexte économique et social se transforme. Dans les villes, les débuts de l’industrialisation associée à la concentration ouvrière causent l’affaiblissement des conditions de vie des ouvriers (textile) et creusent les inégalités sociales : on parle alors de paupérisme. Cette évolution participe au développement des nouvelles idées politiques comme le socialisme.

Enfin, la crise économique qui frappe l’Europe en 1846 va aggraver les tensions.

Ecoute la leçon (lue par Sherda, 1G)

Sherda, 1G.

Le résumé en schéma : Esprit libéral et mutations sociales en Europe


Vocabulaire

Monarchie de Juillet : nom donné à la période correspondant au règne de Louis-Philippe (1830-1848), roi de Français installé sur le trône à l’issu des Trois Glorieuses (juillet 1830).

Paupérisme : état de grande pauvreté d’une population.

Réformistes : personnes favorables à des réformes politiques ou sociales.

Socialisme : idéologie qui apparaît au XIXe siècle en réaction aux inégalités sociales dans la société et qui propose un nouveau modèle politique, économique et social plus juste et équitable entre les individus.

Documents

– étude de document : La critique de la Monarchie de Juillet (1830-1848)

B. Le souffle des aspirations libérales et nationales

1. La remise en cause de l’ordre ancien

Le nouvel ordre européen, qui ne répond pas aux aspirations libérales et nationales, est rapidement remis en cause.

Dans les années 1820, une vague de mouvements contestataires se développe. La société secrète des carbonari aux revendications libérales est à l’origine de révoltes dans certains États italiens (Naples et Piémont). En Espagne, des officiers obligent le roi à accepter une constitution en 1820.

Dans les années 1830-1831, un élan révolutionnaire qui part de France se diffuse en Europe. Avec les ordonnances du 25 juillet 1830, le roi Charles X cherche à renforcer son pouvoir et à limiter les libertés publiques. En réaction, les Parisiens se soulèvent et renversent le roi à l’issue de trois jours de lutte : c’est les Trois Glorieuses. Louis-Philippe, réputé libéral, devient alors le “roi des Français”.

L’événement trouve un écho en Europe. A l’issue d’une révolution en 1830, la Belgique s’émancipe des Pays-Bas et devient une monarchie constitutionnelle. En Pologne, un soulèvement national (né d’un complot militaire) contre la domination russe, éclate en novembre 1830. La vague contestataire secoue également certains États italiens et allemands.

Les aspirations d’émancipation nationale s’inspirent du soulèvement des Grecs contre les Ottomans en 1821. La lutte des Grecs, qui cause le massacre de civils turcs (Tripolitza, 1821) et grecs (Chios en 1822), reçoit le soutien des puissances européennes et mène à l’Indépendance de la Grèce en 1830.

Le massacre de Chios (25 000 civils grecs tués et 45 000 Grecs vendus comme esclaves) choque l’opinion publique internationale et favorise le philhellénisme.

Le résumé en schéma : La remise en cause de l’ordre ancien

2. Des contestations largement réprimées

Les contestations libérales des années 1820 sont réprimées par la Sainte-Alliance. En 1821, l’Autriche intervient dans les États italiens qui se sont soulevés (Naples, Piémont) pour remettre en place la monarchie absolue. En 1822, c’est la France qui rétablit l’ordre ancien en Espagne.

Les mouvements révolutionnaires des années 1830 ont permis à la France de se réconcilier avec la monarchie constitutionnelle (Trois Glorieuses) et à la Belgique de devenir indépendante, mais ils sont fortement réprimés dans les autres régions d’Europe. La Russie met ainsi fin à l’expérience d’autonomie de la Pologne par la force en 1831. L’Autriche rétablit l’ordre dans les États italiens et la Confédération germanique.

De son côté, la Grèce doit son indépendance à l’intervention de la Russie, de la France et de l’Angleterre face à la répression ottomane.

La répression des mouvements contestataires européens pousse de nombreuses personnes à s’exiler (réfugiés politiques) à Paris, à Londres ou en Suisse.

Si les soulèvements contre l’ordre du Congrès de Vienne n’ont pas abouti, ils montrent tout de même que la situation politique en Europe est fragile.

Le résumé en schéma : Des contestations largement réprimées


Vocabulaire

Carbonari : société secrète et politique qui est à l’origine des troubles qui remettent en cause l’ordre du Congrès de Vienne en Italie dans les années 1820 et 1830.


Documents

Etude de document : La répression russe en Pologne.

PPO : Le massacre de Chios (1822) [PDF]

PPO : Les Trois Glorieuses (1830) [PDF]

Décryptage : “La Liberté guidant le peuple” d’Eugène Delacroix exposé à Paris en 1831.


Pour aller plus loin (et pour le goût de la culture)…
“Eugène Delacroix”, Les grands maîtres de la peinture, Toute L’Histoire, 2015.

A. Le Congrès de Vienne réorganise l’Europe

1. Retour à la paix et restauration des vieilles dynasties

Après la chute de Napoléon Ier, les souverains européens se réunissent à Vienne entre septembre 1814 et juin 1815. L’objectif est de restaurer la paix et de rendre le pouvoir aux anciennes dynasties dans de nouvelles frontières, selon la vision de Metternich.

Le congrès de Vienne consacre le modèle monarchique qui se fonde sur l’hérédité dynastique, l’autorité du prince et le droit divin : c’est la restauration. La restauration favorise également le retour sur le devant de la scène politique des Églises (catholique, protestante, orthodoxe) et des élites traditionnelles. Elle rejette les idées de la Révolution française et s’oppose de fait à la notion de souveraineté des peuples et à la démocratie. Globalement, les libertés sont restreintes même si quelques États disposent de constitutions limitant les excès du pouvoir (Royaume-Uni, Suisse, France).

En France, Louis XVIII (dynastie des Bourbons) est installé sur le trône en 1814 (en fuite durant les « Cent jours », il retrouve sa place en juin 1815) mais il accepte un compromis entre les idées de la Révolution et l’héritage de l’Ancien Régime avec la Charte constitutionnelle.

2. Nouvelles frontières et nouvel ordre européen

Le Congrès de Vienne redessine les frontières européennes. Les puissances victorieuses de l’Empire de Napoléon assurent la redistribution territoriale du continent à leur avantage. Il en résulte un équilibre des puissances qui doit garantir la paix.

La Russie absorbe l’essentiel de la Pologne. La Prusse annexe certains États allemands, en particulier la Rhénanie et la Westphalie pour isoler la France. L’Autriche maintient son contrôle sur l’Italie du Nord. Le Royaume-Uni s’assure la domination de la Méditerranée.

Le 26 septembre 1815, l’Autriche, la Russie et la Prusse forment une alliance qui va devenir un outil politique et militaire visant à garantir l’ordre défini par le Congrès de Vienne : c’est la Sainte-Alliance. A partir de 1820 (Congrès de Troppau), l’Alliance se donne le droit d’intervenir militairement dans les autres États.

En revanche, la question des nationalités n’est pas réglée. Certaines nationalités sont éclatées sur plusieurs États (Allemands, Italiens). Les États multinationaux (Autriche, Russie, Empire Ottoman) imposent leur autorité aux minorités nationales sur leur territoire.


Vocabulaire

Restauration : notion qui fait référence au retour des anciennes dynasties à la tête des monarchies européennes. En France, elle fait référence au retour de Louis XVIII (dynastie des Bourbons) sur le trône.

Sainte-Alliance : pacte signé en 1815 par la Russie, l’Autriche et la Prusse qui à l’origine engage les souverains à se prêter assistance mutuelle. Elle s’élargit au Royaume-Uni qui lui donne une dimension diplomatique avec l’objectif de garantir l’ordre et la paix entre les Etats européens. La France, redevenue une monarchie, s’y joindra en 1818.


Personnage de l’Histoire : Metternich