A. Le rôle de la France dans la construction de l’unité italienne

1. La montée d’un sentiment national italien

En 1848, la péninsule italienne est morcelée en plusieurs territoires à l’organisation politique variée : des Etats indépendants (duchés de Parme, Toscane et Modène) au centre, les Etats pontificaux (= contrôlés par l’Eglise) autour de Rome, le royaume des Deux-Siciles (=monarchie absolue) au Sud, le royaume de Sardaigne ou Piémont-Sardaigne (= monarchie constitutionnelle) à l’Ouest et enfin des territoires contrôlés par l’Autriche au Nord (Lombardie et Vénétie).

Pourtant un sentiment national italien se développe fortement depuis le début du XIXe siècle et avec lui une demande de libertés et la volonté d’une unité nationale (= tous les Italiens réunis dans un seul Etat) : c’est le Risorgimento. Cet élan national s’exprime avec force à l’occasion du Printemps de peuples (1848-1849) : une première guerre d’indépendance est menée, en vain, par le royaume sarde contre l’Autriche. La répression autrichienne sonne le retour à l’ordre et pousse le roi de Sardaigne Charles Albert à abdiquer au profit de son fils Victor-Emmanuel II.

Le royaume de Sardaigne, monarchie constitutionnelle, reste néanmoins le foyer de l’espoir du Risorgimento comme l’illustre la nomination du comte de Cavour, partisan de l’unité italienne, au poste de président du Conseil par Victor-Emmanuel II en 1852.

Ecoute la leçon (lue par Justine, 1A)

2. Le soutien diplomatique et militaire de la France

Le comte de Cavour cherche des soutiens diplomatiques pour mener à bien le projet d’unification italienne sous l’impulsion du royaume de Sardaigne contre les intérêts de l’Autriche (Lombardie et Vénétie). Alors que le Royaume-Uni affirme sa neutralité, la France accepte une alliance avec le royaume de Sardaigne. En effet, Napoléon III, proche des carbonari dans sa jeunesse, défend le principe de l’unité italienne et y voit aussi un moyen de replacer la France dans le jeu diplomatique des puissances européennes.

Le rapprochement entre la France et l’Italie se concrétise avec la rencontre secrète entre Cavour et Napoléon III à Plombières-les-bains, dans l’Est de la France, le 21 juillet 1858. La France s’engage alors à venir en aide au royaume de Sardaigne en cas d’agression autrichienne. En contrepartie, la Sardaigne devra céder le duché de Savoie et le comté de Nice à la France et garantir le pouvoir temporel du Pape sur les Etats pontificaux. En effet, dans une France majoritairement catholique, Napoléon III ne tient pas à froisser la frange royaliste de ses appuis politiques.

En avril 1859, en réaction aux provocations du gouvernement sarde, l’Autriche entre en guerre contre le royaume de Sardaigne (deuxième guerre d’indépendance). Conformément aux accords de Plombières, la France intervient aux côtés de la Sardaigne mais les troupes franco-sardes battent les Autrichiens au prix de lourdes pertes humaines (batailles de Magenta et de Solférino). Napoléon III qui doit faire face à une opinion publique de plus en plus hostile à la guerre négocie l’armistice avec l’Autriche à Villafranca.

Finalement, la Lombardie est annexée par le royaume de Sardaigne mais la Vénétie reste sous le contrôle de l’Autriche (traité de Zurich, 1859). Le duché de Savoie et le comté de Nice sont rattachés à la France (traité de Turin, 1860).

Ecoute la leçon (lue par Christia, 1A)

3. Vers l’unité italienne

En 1860, les Etats indépendants italiens (duchés de Parme, Toscane et Modène) sont annexés par le Royaume de Sardaigne avec la bénédiction de Napoléon III.

En mai 1860, une armée de « patriotes » menée par Garibaldi, fervent partisan de l’unité italienne, avec le soutien secret de Victor-Emmanuel II, prend le contrôle de la Sicile puis de Naples : c’est l’expédition des Mille. Après avoir ainsi conquis le royaume des Deux-Siciles, les Mille marchent sur Rome. Cavour décide d’envahir les Etats pontificaux du Nord (Ombrie, Marches) pour arrêter la progression de Garibaldi et éviter ainsi de contrarier la France qui soutient le Pape et Rome.

Timbre italien commémorant les 150 ans de l’expédition des Milles.

Le 17 mars 1861, le royaume d’Italie (= monarchie constitutionnelle libérale) est proclamé avec à sa tête Victor-Emmanuel II. L’unité italienne est presque achevée : Rome et la Vénétie restent encore en dehors du royaume d’Italie.

En 1866, l’issue favorable d’une guerre contre l’Autriche (troisième guerre d’indépendance) grâce à l’aide de la France et de la Prusse permet au royaume d’Italie d’annexer la Vénétie.

La France fait obstacle à l’intégration de Rome au royaume d’Italie. La tentative de Garibaldi de prendre l’Etat pontifical se solde par un échec (bataille de Mentana, 1867). Toutefois, en 1870, la guerre entre la France et la Prusse (et la défaite française) précipite l’ultime étape de l’unité italienne. Les troupes françaises sont rappelées et Rome, sans la protection française, passe alors sous le contrôle du royaume d’Italie qui en fait sa capitale.

Ecoute la leçon (lue par Sajaline, 1A)


Le schéma-bilan : L’unité italienne


Vocabulaire

Etats pontificaux : territoires du centre de l’Italie contrôlés par le Pape depuis de Moyen Âge.

Expédition des Mille : conquête du royaume des Deux-Siciles par un groupe de patriotes italiens menés par Garibaldi.

Risorgimento : mot italien (= “renaissance”) utilisé pour caractériser la deuxième partie du XIXe siècle qui correspond à la construction de l’unité italienne sous l’impulsion du royaume de Sardaigne.


Le QUIZ ! (en 60 secondes)


Les grandes dates

Je révise avec la frise : Vers l’unité italienne (1848-1870)

– je m’évalue : La marche vers l’unité italienne


Documents

Carte : Construction de l’unité italienne (1848-1870)

Biographies : Les personnages majeurs du Risorgimento

– Exercice : La rencontre de Plombières

Schéma-bilan : L’unité italienne

– Les grandes dates : Vers l’unité italienne (1848-1870)